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Les femmes libres, de Mona Eltahawy à Jocelyne Robert


Le débat sur l’article de Mona Eltahawy intitulé : Why Do They Hate Us? The real war on women is in the Middle East publié le mois dernier sur le site de Foreign Policy n’en finit pas de soulever des réactions, souvent assez inattendues. J’ai d’ailleurs organisé une discussion sur le sujet et elle a été particulièrement animée… J’y reviendrais certainement plus en détail à l’occasion d’un prochain article. Cette semaine c’est un article de Jocelyne Robert, sexologue et écrivaine Québécoise qui a retenu mon attention.

Le sujet n’est pas le même, bien plus ‘léger’ que celui évoqué par Mona Eltahawy qui mettait en évidence les difficultés qu’ont les femmes à tout simplement exister en tant qu’être humain à part entière avec un minimum (et guère plus) de droits dans certaines régions du monde. Du côté Occidental, si la situation n’a rien à voir, il reste encore une coutume qui révèle à elle seule le long chemin parcouru par les femmes pour leur reconnaissance et leur respect. Chemin au bout duquel elles ne sont de toute évidence pas encore arrivées.

Dans Valérie Trierweiler future Hollande ? Ces Françaises qui changent de nom comme de mari, Jocelyne Robert s’attarde sur la future première dame, Valérie Trierweiler : ‘On appelle la nouvelle Première dame de France, Valérie Trierweiler. Trierweiler, c’est son nom usuel. Son nom à elle, son vrai nom, son seul nom légitime, que personne ne connaît est Massonneau […] Elle dit vouloir garder son indépendance en continuant, depuis l’Élysée, de travailler comme journaliste. Bravo.’

Mais l’écrivaine ajoute aussitôt, interloquée : ‘Bravo oui, mais… mais un instant. Elle parle d’autonomie, d’indépendance, d’égalité féminine et s’appelle Trierweiler. Elle porte le nom de l’homme dont elle s’est séparée il y a plusieurs années, son ex-mari ! Grosse question de différences culturelles sans doute: la Québécoise que je suis est flabergastée!

C’est vrai qu’il y a là une certaine ambiguïté, et je suis flabergastée au moins tout autant que Jocelyne Robert, et je ne suis pourtant pas Québécoise. Elle s’étonne encore : ‘Peut-on imaginer autant d’antinomie? Et attendez, cela n’est pas tout, les Français se demandent quand, et si, elle deviendra Madame Hollande, ce qui, selon plusieurs, légitimerait son titre de Première Dame. Qu’on me pince. Je ne comprends rien à ces us et coutumes françaises, poussiéreuses et archaïques. Comment peut-on, au pays de Simone de Beauvoir, non seulement aliéner son nom en épousant un homme, mais conserver, une fois divorcée le nom de l’ex. Cela dépasse tout entendement.’

Prendre le nom de son mari, voire même celui de son compagnon, conserver celui de son ex-mari… Les femmes ont le choix car rien ne les oblige par la loi, ni à changer de nom, ni à conserver le nom de leur ex-mari. Selon Jocelyne Robert, la personnalité pourrait même en être modifiée: ‘On ne me fera pas croire qu’on puisse changer de nom comme on change de chemise (ou de mari) une fois, deux fois ou trois fois dans sa vie sans que cela n’ait d’impact identitaire !

Certes chaque femme est libre, et si dans l’exemple présent, Valérie Trierweiler a fait le choix (pour des raisons professionnelles et/ou par rapport à ses enfants) de conserver le nom de son ex-mari et de l’utiliser publiquement, c’est un choix strictement personnel. Mais il révèle, comme le souligne Jocelyne Robert, une pratique majoritaire en France et sur laquelle il est possible voire même nécessaire de s’interroger.

L’auteure va plus loin : ‘Il est encore bien plus sexiste de se faire croire que le nom de “femme mariée” est moins sexiste alors que le mariage n’a AUCUNE incidence légale sur le nom des époux et qu’il n’est qu’une coutume confirmant un phallocentrisme millénaire : l’appropriation de la femme par l’homme avec le mariage.’

A méditer. D’autant que cette coutume, même si elle est révélatrice, fait pâle figure au regard des autres problèmes rencontrés quotidiennement par les femmes, aujourd’hui, en France. Je ne citerais d’ailleurs que l’un d’entre eux qui a récemment fait la Une et pour cause : l’abrogation de la loi sur le harcèlement sexuel, jugée trop floue par le Conseil constitutionnel et qui de fait crée un vide juridique en la matière. Affligeant…

Mais que Jocelyne Robert se rassure, les moeurs évoluent et les habitudes changent. Pour avoir déjà discuté de ce sujet depuis très longtemps, le changement de nom ne se vit plus comme une obligation loin de là. Pas plus que le mariage d’ailleurs. C’est du côté des anciennes générations que j’ai trouvé le plus de réticences.

Un sujet à priori ‘léger’ et qui force est de constater, n’est pas aussi anodin qu’il n’y paraît.






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