C’est le titre pour le moins accrocheur d’un article que j’ai lu sur le site Le Congolais il y a quelques jours. Ce n’est pas la première fois que j’entends dire (même si quelque peu excessif et certainement pas exclusif) que le sous-développement actuel est en partie le résultat de l’omniprésence des ONG dans le pays (que j’évoquais quelques jours à peine après le tremblement de terre dans cet article en anglais). Une présence qui ne fait que mettre en évidence la désorganisation et la faiblesse d’un gouvernement totalement dépassé par les conséquences catastrophiques du tremblement de terre de 2010 qui a, rappelons-le, fait 300 000 morts, détruit 80% de la capitale Port-au-Prince et laissé plus d’un million d’Haïtiens sans abri…
Deux ans plus tard, et après une épidémie de choléra apportée par les casques bleus des Nations Unies, force est de constater que beaucoup (presque tout) reste à faire. Même si les dons ont afflué et les pays nombreux à réagir, les promesses financières n’ont pas toutes été tenues, loin de là. Et sur le terrain, une certaine exaspération règne concernant le rôle des ONG dans le pays, comme l’indique l’un des membres du Groupe Haïtien pour l’innovation et le développement (GHID) : ‘Les médecins haïtiens sont beaucoup moins bien payés que les étrangers, et travaillent plus. Est-ce que vous trouvez ça normal ?‘. Un autre ajoute : ‘Sans l’aide humanitaire, les Haïtiens se seraient depuis longtemps motivés pour interpeller les politiques, s’indigner contre la vie chère, les prix qui flambent, et l’exploitation qui frôle le retour à l’esclavage’. Une déclaration qui interpelle les concernés sans pour autant les ‘condamner’, évidemment.
Et puisque l’on parle des Haïtiens (même s’il est toujours dangereux de généraliser, je le rappelle à toutes fins utiles), un autre article lu sur SlateAfrique aborde le problème des 3% de la population qui contrôleraient 80% de l’économie, selon une enquête du Monde. Une phrase qui résumerait à elle seule l’endémique ‘problème Haïtien’ ? Peu probable même si pour en avoir parlé avec des Haïtiens vivant en France (et qui font donc partie des 80% des Haïtiens ayant fait des études secondaires et quitté le pays, selon une étude de l’OCDE), l’élite Haïtienne serait finalement contre-productive et empêcherait le développement équitable et harmonieux du pays…
Les ONG et leur manque de coordination ou de vision à long terme, un gouvernement totalement dépassé par les événements, l’argent qui n’est jamais arrivé, détourné ou mal employé, les relations parfois compliquées entre les Haïtiens eux-mêmes et un système éducatif à l’arrêt. Sans oublier une histoire politique douloureuse qui pèse lourd sur un pays qui a tout de même été la première république noire du monde. Autant de raisons (et de causes) qui peuvent être évoquées dans le ‘sous-développement’ de Haïti. Mais c’est sans compter sur l’exceptionnelle vitalité de sa jeune population (une situation à double tranchant, il est vrai) et les très nombreux artistes dont le rayonnement va bien au-delà de l’île (et qui ne vont pas forcément créer une croissance à deux chiffres, certes) qui n’en restent pas moins des atouts majeurs pour le pays.
J’espère qu’il me sera possible de voir Haïti se relever et prendre le contrôle de son destin unique. J’ai toujours été fascinée par Toussaint Louverture et tous les courageux, bravant la mort et la rencontrant souvent, qui l’on suivi et soutenu dans son combat pour la liberté et l’indépendance. Il n’y a pas de fatalité mais des circonstances aggravates qui avec la bonne volonté de tous (Haïtiens et intérêts pays étrangers) de vouloir construire ensemble et non de profiter au détriment d’autres, ne peuvent être insurmontables. De belles paroles, je sais, mais une fois de plus, c’est bien de la première république noire du monde dont on parle. Une fierté sans équivalent que l’on ne peut dissocier de son peuple, riche de métissages dont il faut aujourd’hui tirer le meilleur et l’unité de ces ‘apparentes différences’.
C’est d’ailleurs ce qu’on peut lire sur le drapeau Haïtien : ‘L’union fait la force’. Une utopique évidence, d’aucuns diront. Mais une évidence tout de même que je reprends sans complexe (mais non sans une pointe de naïveté assumée) dans le titre de ce modeste blog.