Chokri Belaïd, l’une des figures de l’opposition de gauche en Tunisie et symbole de la classe populaire, a été tué de plusieurs balles le 6 février dernier, le premier assassinat politique post-révolution. Avocat défenseur des droits de l’Homme, emprisonné sous les régimes de Ben Ali et Bourguiba, il était secrétaire général du Parti des patriotes démocrates (PPD), allié au Front populaire et farouche opposant aux islamistes. En Tunisie comme en France, les réactions ont été nombreuses suite à l’annonce de son décès :
Le Monde : A la clinique Ennasr de Tunis, une foule considérable et très émue était déjà présente lors de l’annonce officielle du décès de Chokri Belaïd. Puis l’information s’est rapidement propagée et plus d’un millier de personnes commençaient à s’attrouper devant le ministère de l’intérieur tandis qu’à Paris, un rassemblement devant l’ambassade de Tunisie était organisé dès la fin de matinée. En début d’après-midi, plusieurs locaux d’Ennahda (le parti islamiste au pouvoir), notamment à Sidi Bouzid, Gafsa et au Kef, étaient attaqués par des manifestants en colère. Les forces de sécurité tentaient de les repousser avec des gaz lacrymogènes. A Paris, des opposants à Ennahda occupent symboliquement l’ambassassade de Tunisie pour réclamer la démission du gouvernement et la dissolution des Ligues de protection de la révolution (LPR), qualifiées de milices islamistes.
Alors que les proches de Chokri Belaïd accusent le parti islamiste Ennahda d’être responsable du crime, leur chef Rached Ghannouchi s’en défend et estime que les auteurs de l’assassinat veulent “un bain de sang” en Tunisie. Il faut dire que la troïka en place depuis octobre 2011 a bien du mal à faire consensus et qu’il lui est reproché de ne pas prendre la mesure de la gravité de la situation dans la société tunisienne et de faire preuve d’indulgence face à certains agissements et appels à la violence…